« L'oeil sur Proust »

7 September to 6 October 2016
Espace Bonnefoy, Toulouse

Cette exposition est d’abord un hommage à l’œuvre de Marcel Proust : une clé visuelle pour les lecteurs qui prennent plaisir aux longues descriptions comme pour ceux qui les trouvent difficiles à suivre. Ces photos peuvent intéresser 3 catégories de personnes : celles qui n’ont jamais lu Proust mais aimeraient bien le faire, celles qui l’ont lu et reconnaîtront les images ainsi que celles qui ont visité les lieux à peine déguisés qu’il décrit. Un encouragement à le lire pour les premières, un souvenir descriptif pour les secondes et un rappel de leur pèlerinage pour les troisièmes…

Il n’est pas nécessaire, pour lire et apprécier Proust, de partir du début et d’aller jusqu’à la fin : l’histoire n’est pas ce qu’il y a de plus important. En fait, on peut ouvrir n’importe quelle page des 7 volumes de « A la recherche du Temps perdu », commencer à lire, s’arrêter n’importe où, et se laisser emporter par l’imagination contrôlée de Proust dans ses diversions. : comparaisons délicates, correspondances, subtiles associations d’idées…Bien que le thème soit sur la mémoire involontaire transformant la réalité passée en une éternelle Réalité que l’écrivain transpose en Art, la structure du roman est fortement ancrée dans le monde physique. « Nos yeux jouent une plus large part que nous ne le croyons dans l’exploration du Passé que nous appelons mémoire. »(Pastiches et mélanges).Le lecteur de Proust doit normalement faire un double effort d’imagination : d’abord visualiser la description initiale (Grand hôtel, pommiers, chemin d’aubépines, robe de Fortuny, la mer etc…), ensuite saisir les métaphores et multiples analogies, ceci étant la méthode de Proust pour élargir la réalité de l’image initiale.

jfenfleurs

Proust n’était pas un rêveur mais un observateur méticuleux, un commentateur précis avec un « œil de photographe ».Il était d’ailleurs passionné par la photographie. Nous pouvons encore retrouver nombre des lieux décrits avec exactitude, surtout lorsque c’est la nature dont il souligne l’universalité et l’intemporalité. La géographie spécifique du roman forme un triangle « proustien »sur lequel est basée toute sa structure : Illiers-Combray (en Touraine), Paris (où ses personnages passent lentement de la jeunesse à la vieillesse), Cabourg-Balbec (sur la côte normande) et auquel on peut ajouter Venise si souvent évoquée.

Les photos présentées sont étayées par des passages du texte d’ « A la Recherche du Temps perdu ».
Je m’en tiens au domaine de la photographie, laissant au cinéma ainsi qu’aux analyses littéraires et psychologiques la tâche de faire revivre les personnages dans leur dimension psychologique universelle…